A l’occasion du mois de novembre, « Movember » dédié à la sensibilisation aux cancers masculins, ADFDPC-Formation rappelle l’importance de la prévention et de la détection des cancers qui entrent dans votre champ d’action : la sphère bucco-pharyngée.
Les cancers de votre sphère
Les cancers de la cavité buccale et de l’oropharynx se développent au niveau de la langue, du plancher buccale, des amygdales, des lèvres, des gencives, des joues jusqu’à la base de la langue, soit la partie centrale du pharynx. L’histologie la plus fréquente est le carcinome épidermoïde. Il correspond à une mutation de la couche superficielle de la muqueuse buccale appelée épithélium et appartient au groupe des cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) avec les cancers du pharynx, du larynx et des fosses nasales. La France est le pays où les cancers épidermoïdes des VADS sont les plus fréquents. Le mauvais pronostic est en partie lié à un diagnostic trop tardif.
Facteurs de risques
- Le tabac est le premier facteur de risque, déterminé par la dose (le nombre de cigarettes fumées estimé en paquet par année) et la durée de l’exposition (le nombre d’années et âge de début du tabagisme). Aucune cigarette n’est « sans risque ».
- L’alcool constitue le deuxième facteur de risque. Les pays et les régions avec une forte consommation d’alcool figurent parmi les incidences les plus élevées des cancers des VADS.
- L’infection liée au virus HPV (Human papilloma Virus), responsable du cancer du col de l’utérus a récemment été mis en évidence dans le cancer des amygdales et de l’oropharynx, touchant aussi bien les femmes que les hommes.
- 9 lésions à potentiel malin (LPM) : le lichen plan oral, la leucoplasie orale, la leucoplasie verruqueuse proliférative, le lupus érythémateux discoïde, la chéilite actinique, la fibrose orale sous muqueuse, l’érythroplasie orale, la réaction du greffon contre l’hôte (GVHD), et des lésions palatines des fumeurs à rétro.
Les effets du tabac et de l’alcool sont synergiques. Lorsqu’ils sont consommés ensemble, les leurs effets ne s’additionnent pas, ils se multiplient. Compte tenu des facteurs de risque, les cancers des VADS sont majoritairement retrouvés chez les hommes (72 % des personnes atteintes d’un cancer des voies aérodigestives supérieures en 2015 étaient de sexe masculin), selon l’Institut national du cancer. Il survient le plus souvent entre 50 et 64 ans.
Dépistage et démarche diagnostique
Il n’existe pas de symptôme spécifique aux cancers de la cavité buccale. Le chirurgien-dentiste est le praticien le plus apte à les détecter par son habitude à l’examiner. Il est ainsi en première ligne diagnostique. Son examen doit être réalisé à chaque nouvelle visite, même si le but de la consultation est souvent strictement dentaire. De manière générale, toute altération de la muqueuse qui :
- persiste plus de 15 jours après élimination d’une éventuelle cause locale (traumatisme),
- saigne anormalement,
- s’ulcère,
- devient indurée ou douloureuse,
- présente plusieurs couleurs et aspects de surface,
- s’épaissie,
- se tuméfie avec une possible excroissance,
est à suspecter et donc un risque de dégénérer en cancer, aussi minime soit l’altération. Ne pas hésiter à adresser le patient à un spécialiste en pathologie de la muqueuse orale si vous ne l’êtes pas : confrère/consœur avec cette compétence, chirurgien oral, chirurgien maxillo-facial, chirurgien ORL.
Dans le cas où vous êtes formé, vous pourrez alors pratiquer une biopsie avec une simple anesthésie locale. Le résultat de la biopsie, confronté à l’aspect clinique de la lésion, permet de porter un diagnostic précis. Si elle est maligne, c’est-à-dire cancéreuse, le patient devra être pris en charge rapidement par une équipe spécialisée en cancérologie, afin de bénéficier au plus vite d’une thérapeutique adaptée.
En stade plus avancé, le patient présente parfois une dysphagie, des épistaxis, une limitation de l’ouverture buccale, un trouble de la protraction linguale, des otalgies réflexes, une dysphonie…
Ces signes peu spécifiques, peuvent néanmoins orienter vers une suspicion de diagnostic. Il faut adresser le patient à un service hospitalier.
Plutôt prévenir que guérir
Le chirurgien-dentiste, outre son rôle dans le dépistage, est aussi impliqué dans une mission d’éducation pour sensibiliser et éduquer ses patients notamment aux addictions et particulièrement au tabac et à l’alcool, et inciter à la vaccination des jeunes contre le HPV.
Pour aiguiser votre vigilance sur vos patients fumeurs et consommateurs réguliers d’alcool, deux séances de formation sont à suivre au Congrès ADF 2024 :
- Sevrage Tabagique : où en est-on en 2024 ? Le jeudi 28 novembre de 9h à 10h30. Plus d’informations sur adfcongres.com, séance C32.
- Adapter le traitement parodontal à l’état de santé du patient. Le mardi 26 novembre de 16h à 17h. Plus d’informations sur adfcongres.com, séance A8.