L’antibiorésistance est considérée comme l’une des plus grandes menaces pour la santé mondiale, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Si les chiffres sont éloquents, les professionnels de santé et les patients ont pourtant du mal à prendre conscience de ce problème majeur pour notre santé.
Une préoccupation mondiale
En 2010, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) ont lancé le projet « One Health, Une seule santé », dans le but de prendre en compte l’interconnexion entre la santé humaine, animale et environnementale afin de proposer une approche globale des enjeux sanitaires et d’y répondre.
L’antibiorésistance constitue l’une des principales thématiques du projet « One Health, Une seule santé », car l’utilisation massive d’antibiotiques met en péril la santé de tous les êtres vivants. En effet, les antibiotiques sont administrés aux hommes, aux animaux, mais également utilisés dans l’agriculture. Lorsque les bactéries développent des mécanismes de défense contre les antibiotiques, elles les diffusent par contact direct ou indirect (via les interactions entre ces trois domaines), propageant ainsi leur résistance à d’autres bactéries.
Vers l’inefficacité des traitements
L’usage excessif d’antibiotiques compromet l’efficacité des traitements, tant chez les animaux que chez les humains, et contribue à la propagation de bactéries de plus en plus résistantes dans tous les écosystèmes, via les eaux et les sols. La contamination se propage alors de manière généralisée.
État de conscience en France
Les Français sont encore peu conscients du danger de l’antibiorésistance, y compris chez les professionnels de santé. En 2022, alors que la consommation d’antibiotiques a fortement progressé après la baisse importante observée en 2020, seulement 40 % des Français savent précisément ce qu’est l’antibiorésistance, et 65 % en ont déjà entendu parler. Alors que 86 % des Français estiment que le sujet est très préoccupant, seulement 33 % se sentent personnellement concernés. Tandis que 57 % ont tendance à s’automédiquer en cas d’infection, dont 10% souvent. Ce fléau est aussi considéré comme spécifique aux pays émergents par 49 % des Français. En 2021, le réseau européen de surveillance de la consommation d’antibiotiques (réseau ESAC-NET) situait la France au 5e rang des pays européens les plus consommateurs d’antibiotiques, derrière la Grèce, la Bulgarie, Chypre et la Roumanie, mais devant la Pologne, l’Espagne et la Croatie. Les Pays-Bas et l’Autriche étant les pays européens les moins consommateurs d’antibiotiques.
État des lieux dans le monde
En Europe, 33 000 décès sont liés aux infections résistantes aux antibiotiques. Le nombre est comparable à celui des décès liés à la grippe, à la tuberculose et au VIH/Sida. En France, 125 000 personnes sont touchées par des infections résistantes aux antibiotiques, et 5 500 décès leurs sont imputés. Le nombre de décès lié à ces infections est estimé à 238 000 en France d’ici 2050, et 2.4 millions répartis sur les zones Amérique du Nord, Europe et Australie.
Prévention et lutte, l’affaire de tous
Pour mener une prévention et une lutte efficace contre l’antibiorésistance, la mobilisation de tous les acteurs du domaine de la santé humaine, animale et environnementale est essentielle.
Sources :
- OCDE – https://www.oecd.org/health/health-systems/Stemming-the-Superbug-Tide-R%C3%A9sum%C3%A9-Fran%C3%A7ais.pdf
- Enquête Ifop/Pfizer réalisée du 2 au 6 septembre 2019 auprès d’un échantillon de 1 000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas), par questionnaire auto-administré en ligne.
- Réseau ESAC-NET (Antimicrobial consumption in EU/EEA) et ECDC (European centre for disease prevention and control) https://www.ecdc.europa.eu/en/publications-data/surveillance-antimicrobial-consumption-europe-2021